La phase de test de la nouvelle tarification Deliveroo est désormais finie. Toujours la même question pour les livreurs : Est-il plus avantageux de garder le tarif à la commande ou de passer « au km » ? Ce genre de choix ne peut pas se prendre à la légère et malheureusement, quelle que soit la décision, les livreurs semblent être les grands perdants de l’affaire.
La mise à jour qui poursuit un mouvement d’élongation des distances amène également l’effacement progressif du zonage. Les livraisons sont donc à la fois plus longues à effectuer, mais les distances couvertes sont également beaucoup plus vastes ce qui a contribué depuis le début de 2018 a faire chuter nos revenus moyens. Choisir de rester sur l’ancienne tarification (un fixe de 5,75€ par commande à Paris et 5€ dans les autres villes de France) sans que les nouveautés apportées par la mise à jour soient appliquées (la possibilité de savoir à l’avance où se trouve le client à livrer, pouvoir annuler une livraison à tout moment) va se traduire inexorablement par une perte de revenu.
Pour autant, si cette mise-à-jour a été lancée en réaction au mécontentement des livreurs qui n’hésitaient pas à reposer les commandes quand les livraisons s’avéraient trop longues, la tarification au km apparaît comme un remède pire que le mal lui-même. Si pendant les premiers jours de tests la nouvelle tarification a pu paraître plus alléchante, la déconvenue a été de taille, et les commissions ont vite baissé. Le fait de laisser plus de place à la part variable de la commission qui n’est complétée que par une faible part fixe (3€ pour la prise en charge et le dépôt de la commande) ne va faire qu’obscurcir le système de tarification, qui sans règle précise risque vite de fondre comme neige au soleil. Parmi les défauts majeurs faisant chuter nos revenus comptons :
– Le minimum décidé pour la part variable (2,3€ à Paris et pour le mois de juillet) est fixé chaque mois par Deliveroo et peut donc être soumis à de nombreuses baisses. La commission étant déjà plus faible que ce qui existait avant, les minimums fixés chaque mois pourront fortement diminuer au fil du temps tout comme les primes pluies ou encore bonus week-end ont disparu lors du passage du tarif horaire au tarif à la course. Cela n’a d’ailleurs pas manqué: de juillet à septembre le minimum variable a déjà diminué de d,3€ à 2,20€! Nous risquons donc ne nous retrouver avec des petites courses payées moins cher qu’à l’ancien tarif, et de très longues courses payées à peine plus, voire le même prix.
– Les commandes doubles avant payées 11,5€ à Paris, sont dorénavant payées selon la distance estimée, et ce sans doubler la part fixe. Il est très fréquent qu’elles soient payées moins de 10€ alors que les distances et le temps d’attente au restaurant sont plus longs que pour une commande simple.
– La part variable décidée pour la distance est également calculée selon le bon vouloir de l’algorithme (sont a priori pris en compte durée estimée de livraison, horaire, popularité du restaurant) et non en fonction de données objectives qui nous permettraient d’apporter de la contradiction dans le cas où le tarif s’avérerait trop bas.
Bref dans tous les cas nous sommes perdants. Dans un contexte de sureffectif où les commandes se font de plus en plus rares, sans capacité de négocier les tarifs et d’imposer un minimum horaire, les livreurs perdront toujours contre les plateformes et leurs conditions de vie se retrouvent précarisées. N’acceptons plus les méthodes unilatérales de Deliveroo, organisons nous et reprenons la main pour imposer des conditions de travail dignes.
edit (octobre):
Comme nous le prévoyions la baisse a été particulièrement importante, en 3 mois nous sommes par exemple passés de 5.30 à 4.80€ par livraison. Dans certaines villes (Nice, Rouen ou encore Mulhouse) nous sommes même à 4.10€ par livraison.
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